Mesurer le décalage entre besoins et res Mesurer le décalage entre besoins et ressources
Anticiper pour combler des écarts qui pourront être importants, c'est l'attitude à adopter pour éviter de se retrouver au pied du mur une fois l'heure de la retraite sonnée.
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Quelle retraite pourra-t-on espérer en 2020 ou 2030 ? A la place de la pessimiste réponse « pas grand-chose », voici des éléments pour davantage de visibilité.
40 % des revenus
Le montant de la retraite dépendra de la durée de cotisations, des montants cotisés et de l'âge de départ. Il est probable que les conditions actuelles deviennent moins avantageuses à l'avenir. Aujourd'hui, le montant d'une pension est grossièrement estimé à 40 % des revenus agricoles en fin de carrière.
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Le conseil de Sébastien Caulliez, juriste, de la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres
« Y penser dès quarante-cinq ans pour éviter les mauvaises surprises »
• Quand doit-on se préparer ?
« Il est important de faire un premier bilan vers 40-45 ans. A cet âge, l'agriculteur a “digéré financièrement” son installation et il dispose en général d'une capacité d'épargne. Il peut se projeter quinze à vingt ans plus tard et estimer ses ressources et ses besoins à la retraite.
S'il y a un décalage, ce qui est le cas général, il réfléchit aux outils à mettre en place pour combler le manque. Certains épargnent, d'autres investissent dans l'immobilier, etc. Petit à petit, avec des versements réguliers, l'exploitant se constitue un capital pour la retraite. S'il s'en occupe à 55 ans, il est souvent trop tard ! »
• Comment estimer ses besoins ?
« Ils dépendent du niveau de vie souhaité par chacun. En moyenne, un couple propriétaire de sa maison, aura besoin d'environ 2.500 euros par mois (soit 30.000 €/an) en période de croisière. Attention, les dépenses sont souvent sous-estimées, notamment le poste de l'alimentation, les charges de la maison (réparations, chauffage, électricité), la voiture ou encore le poste de la santé (compter 1.000 euros de mutuelle par personne et par an après 65 ans). Si la santé se dégrade, les besoins seront supérieurs : une maison de retraite ou médicalisée coûte entre 1.500 et 3.000 euros par mois. »
• Quelles seront les ressources ?
« Le principal revenu sera la pension de retraite. Ceux qui ont cotisé toute leur carrière au maximum (sur un revenu supérieur à 35.000 euros chaque année) peuvent espérer 1.500 euros par mois de retraite. En moyenne, les pensions tournent autour de 800 euros par mois pour les anciens chefs d'exploitation et 450 euros par mois pour le conjoint collaborateur. Avec moins de 1.500 euros par mois pour un couple, on est loin des besoins ! La gestion changera aussi : finies les rentrées d'argent de l'exploitation pour payer les “grosses” factures. La pension est versée chaque mois. »
• L'exploitation a une valeur. Comment en profiter ?
« A la retraite, les exploitants peuvent louer, vendre (ou donner) tout ou partie de leur entreprise. En général, les matériels, stocks, cheptel, etc. sont vendus. Les terres sont souvent conservées en propriété et louées : c'est un capital en cas de coup dur. Préparez votre départ deux ans avant pour limiter le "choc fiscal". »
• Est-ce différent si l'exploitant est en individuel ou en société ?
« L'agriculteur en individuel qui s'arrête loue ou vend son exploitation. En société, il a deux possibilités. Soit la société s'arrête et il se retrouve comme en individuel. Soit la société continue avec d'autres associés.
Le sortant a des parts sociales (réévaluées au moment du départ) : il peut les vendre au repreneur ou les conserver.
S'il conserve des parts, il devient associé non-exploitant et recevra chaque année une partie du bénéfice de l'entreprise (sans cotisation MSA). Le compte courant d'associé est exigible à tout moment. »
• L'étude doit-elle être combinée à une approche patrimoniale ?
« Oui, particulièrement en agriculture, où les retraites sont faibles et les patrimoines (foncier et immobilier) importants. Pour limiter les droits de succession, il est pertinent de réfléchir à la part à conserver et la part à transmettre. Le bilan patrimonial permet de faire le point : est-on soumis à l'ISF ? A qui sont les biens ? Quelle protection aura le conjoint ? Le régime matrimonial est ici déterminant. »
Le conseil de Marinette Bouchaud, conseillère en droit social à CGO
« Priorité à la carrière complète »
« Avoir suffisamment de trimestres validés (1), tous régimes confondus : c'est le premier critère à respecter pour avoir la retraite la meilleure possible.
S'il manque des trimestres, vous subirez une double peine. D'abord une décote (une minoration) du montant de la pension.
Ensuite vous perdrez vos chances d'une possible revalorisation de la retraite. En effet, les retraites de moins de 824 €/mois peuvent être réévaluées à la condition que la carrière soit complète. Cela vaut pour les chefs exploitants comme pour les collaborateurs.
Les années d'aide familial peuvent être rachetées ou validées gratuitement grâce à des témoignages. Les années d'études supérieures peuvent également se racheter.
Le coût varie selon l'âge du demandeur (c'est moins cher quand il est jeune) et de son revenu. Le rachat est déductible fiscalement et socialement. »
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(1) Règles actuelles : le nombre de trimestres validés pour bénéficier du taux plein avant 67 ans est de 163 pour les personnes nées en 1951, 164 pour la génération 1952, 165 pour les générations 1953 et 1954 et 166 pour la génération 1955.
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